Le secteur de la biotechnologie n’est pas au mieux de sa forme en Bourse. Après un exercice 2017 difficile avec un recul de 26% pour la moyenne des 36 sociétés cotées à la Bourse de Paris, le secteur a encore affiché une glissade de 7 % depuis le début de l’année. Force est de constater que le rebond tant attendu n’a toujours pas eu lieu. « Les trois seuls candidats qui ont publié des résultats cliniques avancés de phase III, susceptibles de leur faire franchir un cap transformant, ont échoué », explique Hervé Ronin, associé, spécialiste santé chez Bryan, Garnier & Co. Fin décembre, Erytech annonçait des résultats négatifs dans la leucémie myéloïde aiguë, puis cela a été au tour de Gensight d’accuser le coup (– 47 % le 4 avril), son produit n’ayant pas atteint l’objectif demandé d’amélioration de l’acuité visuelle dans la neuropathie optique héréditaire de Leber et, enfin, celui d’AB Science, encore retoqué par l’Agence européenne des médicaments pour son traitement masitinib dans la sclérose latérale amyotrophique.
UN RETARD DES SPÉCIALISTES FRANÇAIS
Les quelques bonnes surprises dévoilées récemment par Ose Immunotherapeutics, Poxel et Adocia, qui ont décroché des partenariats – à un stade, il est vrai, encore précoce pour les deux derniers –, ont été éclipsées. Ainsi, les deux tiers des biotechs françaises sont en recul depuis le début de l’année. Seules les grosses, qui affichent des valorisations boursières entre 350 millions et 1 milliard d’euros, se portent bien. «On assiste à une sélection naturelle de la part des investisseurs, qui privilégient les sociétés qui ont du cash, un portefeuille diversifié de produits sur des molécules ayant déjà apporté une preuve de concept, un marché potentiel conséquent et des volumes de transactions significatifs », observe Sacha Pouget, président de Kalliste Finance. Les fers de lance du secteur, DBV Technologies, Genfit, Cellectis et Innate Pharma, ont enregistré une performance globale de plus de 10% depuis le début de l’année, «mais ces sociétés avaient été maltraitées en 2017, ce qui correspond plutôt à un rattrapage», tempère Hervé Ronin.
PERSPECTIVES DE RATTRAPAGE
A noter que cette purge est purement française. L’indice européen Next Biotech a gagné 18?% depuis le début de l’année, porté par les envolées impressionnantes des belges Ablynx (+ 116 %), racheté pour 12 milliards de dollars par Sanofi, et TiGenix, acquis par le japonais Takeda avec une prime de 82 % à la clé.
Ces opérations s’inscrivent dans un environnement global plus favorable au secteur.
La politique réglementaire de la FDA est devenue plus accommodante depuis la nomination de son nouveau directeur, et l’institution a émis un nombre record d’approbations, avec 46 nouveaux médicaments autorisés fin 2017. En outre, la réforme fiscale américaine favorise les fusions-acquisitions. Pas moins de 35 milliards de dollars ont été dépensés au premier trimestre pour des rachats de biotechs, avec une prime moyenne de 94% par rapport au cours de Bourse, supérieure à celle de 2017 (+ 58 %).
Ainsi, outre-Atlantique, le marché est euphorique. Une centaine de biotechs ont franchi le cap du milliard de dollars de valorisation (une biotech cotée sur quatre) : c’est trois fois plus qu’en 2015. Parmi ces heureuses élues, on retrouve évidemment des géants du secteur très rentables comme Celgene, Biogen ou Gilead, mais les trois quarts d’entre eux sont encore déficitaires. Dans le domaine très recherché de la thérapie génique, Intellia et Crispr, des start-up qui n’ont pas encore commencé les tests sur l’homme, capitalisent déjà entre 1 et 2 milliards de dollars !
« Ces valorisations tendues outre-Atlantique offrent des perspectives de rattrapage, indique Sacha Pouget. Les Américains pourraient être amenés à opérer un retour sur les valeurs européennes, comme ce fut le cas en 2014-2015, à la faveur d’un flot d’annonces favorables, avec pas moins d’une cinquantaine de résultats cliniques attendus au second semestre pour les biotechs françaises, dont 34 en phases II et III ! » Le principal catalyseur sera donc la qualité des résultats cliniques, qu’il faudra suivre attentivement. Autre raison d’espérer, selon le spécialiste du secteur : une configuration technique positive : « Les biotechs n’ont jamais connu, depuis 2005, plus de deux années consécutives de baisse. Les précédents épisodes de 2007-2008 (– 25 %) et de 2010-2011 (– 32%) ont été suivis d’un rebond l’année d’après de respectivement 45% en 2009 et 27% en 2012. »
Le signal du redémarrage pourrait bien être celui du retour des introductions en Bourse, ce que confirme Hervé Ronin : « De nombreuses opérations sont dans les tuyaux depuis le début de l’année et devraient sortir en mai et juin, ce qui serait l’indicateur d’un marché mieux orienté pour ce secteur. » Parmi elles, les sociétés Voluntis (logiciels thérapeutiques) et Elsalys (immunooncologie) seraient dans les starting-blocks.
Nous avons identifié dans le tableau (non exhaustif) ci-dessous les biotechs qui publieront des résultats cliniques déterminants et en phases avancées (II et III) d’ici à la fin de l’année et pour lesquelles nous sommes à l’achat à titre spéculatif. Nous rappelons que le risque d’échec est très élevé et souvent binaire pour ces sociétés en perte, qui consomment du cash et dont la valorisation est conditionnée à la qualité de ces données cliniques. Parmi elles, nous avons mis l’accent, dans ce dossier, sur cinq favorites : trois paris à haut risque, Genkyotex, Quantum Genomics et Transgene, et deux sociétés plus matures parmi les stars du secteur, DBV et Innate Pharma, qui disposent d’une plus grande solidité financière.
UN RETARD DES SPÉCIALISTES FRANÇAIS
Les quelques bonnes surprises dévoilées récemment par Ose Immunotherapeutics, Poxel et Adocia, qui ont décroché des partenariats – à un stade, il est vrai, encore précoce pour les deux derniers –, ont été éclipsées. Ainsi, les deux tiers des biotechs françaises sont en recul depuis le début de l’année. Seules les grosses, qui affichent des valorisations boursières entre 350 millions et 1 milliard d’euros, se portent bien. «On assiste à une sélection naturelle de la part des investisseurs, qui privilégient les sociétés qui ont du cash, un portefeuille diversifié de produits sur des molécules ayant déjà apporté une preuve de concept, un marché potentiel conséquent et des volumes de transactions significatifs », observe Sacha Pouget, président de Kalliste Finance. Les fers de lance du secteur, DBV Technologies, Genfit, Cellectis et Innate Pharma, ont enregistré une performance globale de plus de 10% depuis le début de l’année, «mais ces sociétés avaient été maltraitées en 2017, ce qui correspond plutôt à un rattrapage», tempère Hervé Ronin.
PERSPECTIVES DE RATTRAPAGE
A noter que cette purge est purement française. L’indice européen Next Biotech a gagné 18?% depuis le début de l’année, porté par les envolées impressionnantes des belges Ablynx (+ 116 %), racheté pour 12 milliards de dollars par Sanofi, et TiGenix, acquis par le japonais Takeda avec une prime de 82 % à la clé.
Ces opérations s’inscrivent dans un environnement global plus favorable au secteur.
La politique réglementaire de la FDA est devenue plus accommodante depuis la nomination de son nouveau directeur, et l’institution a émis un nombre record d’approbations, avec 46 nouveaux médicaments autorisés fin 2017. En outre, la réforme fiscale américaine favorise les fusions-acquisitions. Pas moins de 35 milliards de dollars ont été dépensés au premier trimestre pour des rachats de biotechs, avec une prime moyenne de 94% par rapport au cours de Bourse, supérieure à celle de 2017 (+ 58 %).
Ainsi, outre-Atlantique, le marché est euphorique. Une centaine de biotechs ont franchi le cap du milliard de dollars de valorisation (une biotech cotée sur quatre) : c’est trois fois plus qu’en 2015. Parmi ces heureuses élues, on retrouve évidemment des géants du secteur très rentables comme Celgene, Biogen ou Gilead, mais les trois quarts d’entre eux sont encore déficitaires. Dans le domaine très recherché de la thérapie génique, Intellia et Crispr, des start-up qui n’ont pas encore commencé les tests sur l’homme, capitalisent déjà entre 1 et 2 milliards de dollars !
« Ces valorisations tendues outre-Atlantique offrent des perspectives de rattrapage, indique Sacha Pouget. Les Américains pourraient être amenés à opérer un retour sur les valeurs européennes, comme ce fut le cas en 2014-2015, à la faveur d’un flot d’annonces favorables, avec pas moins d’une cinquantaine de résultats cliniques attendus au second semestre pour les biotechs françaises, dont 34 en phases II et III ! » Le principal catalyseur sera donc la qualité des résultats cliniques, qu’il faudra suivre attentivement. Autre raison d’espérer, selon le spécialiste du secteur : une configuration technique positive : « Les biotechs n’ont jamais connu, depuis 2005, plus de deux années consécutives de baisse. Les précédents épisodes de 2007-2008 (– 25 %) et de 2010-2011 (– 32%) ont été suivis d’un rebond l’année d’après de respectivement 45% en 2009 et 27% en 2012. »
Le signal du redémarrage pourrait bien être celui du retour des introductions en Bourse, ce que confirme Hervé Ronin : « De nombreuses opérations sont dans les tuyaux depuis le début de l’année et devraient sortir en mai et juin, ce qui serait l’indicateur d’un marché mieux orienté pour ce secteur. » Parmi elles, les sociétés Voluntis (logiciels thérapeutiques) et Elsalys (immunooncologie) seraient dans les starting-blocks.
Nous avons identifié dans le tableau (non exhaustif) ci-dessous les biotechs qui publieront des résultats cliniques déterminants et en phases avancées (II et III) d’ici à la fin de l’année et pour lesquelles nous sommes à l’achat à titre spéculatif. Nous rappelons que le risque d’échec est très élevé et souvent binaire pour ces sociétés en perte, qui consomment du cash et dont la valorisation est conditionnée à la qualité de ces données cliniques. Parmi elles, nous avons mis l’accent, dans ce dossier, sur cinq favorites : trois paris à haut risque, Genkyotex, Quantum Genomics et Transgene, et deux sociétés plus matures parmi les stars du secteur, DBV et Innate Pharma, qui disposent d’une plus grande solidité financière.