Hélène Mar 17 Aoû 2010 - 12:05
voilà l'article...un peu long, désolée ! (2ème tentative !)(en "petit" exprès ! car trop long...)
Bises à tous.
LN
Les Echos du 17/08/2010 :
SEP : l'Etat incité à baisser le prix des traitements
Pour le gouvernement, qui cherche comment réduire le déficit de la Sécu, voilà une cible toute trouvée. Après une analyse approfondie, la Haute Autorité de Santé (HAS) vient en effet de revoir à la baisse l'intérêt médical des traitements actuels de la SEP, cette maladie neurologique auto-immune qui entraîne différents handicaps, notamment des paralysies. Elle juge les médicaments en cause moins efficaces qu'espéré lors de leur lancement. Une remise en cause qui a de bonnes chances de se traduire par une baisse des prix.
Dans un rapport rendu le mois dernier, la HAS estime que les 4 traitements étudiés (3 interférons et l'acétate de glatimère, vendu en France sous la marque Copaxone par Sanofi-Aventis) ne modifient pas la progression du handicap à long terme. En conséquence, l'autorité dégrade la note qualifiant l'amélioration du service médical rendu (ASMR) de ces médicaments, du niveau I, signifiant un progrès thérapeutique majeur, au niveau III, représentant un progrès modéré.
"Les interférons, arrivés sur le marché, il y a 15 ans, représentaient un grand espoir pour les malades," explique Gilles Bouvenot, le président de la commission de la transparence de la HAS. Même si nous continuons à penser que ces médicaments rendent un service médical important, avec le recul, ils n'ont pas concrétisé les espoirs mis en eux à l'époque. Ces produits réduisent la fréquence des poussées de paralysie, mais ils n'ont pas d'action démontrée sur la prévention du handicap.
Cette révision du progrès thérapeutique à la baisse devrait conduire les pouvoirs publics, en l'occurence le Comité économique des produits de santé (CEPS), à diminuer les prix de ces médicaments. Il est certain que, lorsque l'ASMR baisse, le CEPS en tient compte. Le cas s'est par exemple produit il y a quelques années avec le traitement de la maladie d'Alzheimer, explique un bon connaisseur du dossier. Noël Renaudin, le président du CEPS, a déjà reçu notification de la baisse de la note.
Pas d'impact pour les patients : l'effet sera neutre pour les patients, la sclérose en plaques est une affection de longue durée prise en charge à 100%. En revanche, la réévaluation risque d'avoir des conséquences sur le chiffre d'affaires des laboratoires. Le principal industriel concerné est Biogen Idec, le fabricant d'Avonex. Avec 16 418 ordonnances sur plus de 36 000 (en cumul annuel en août 2009), le produit de la biotech américaine concentre 45 % des volumes en France. Loiquement, c'est aussi celui qui coûte le plus cher à l'Assurance-maladie, avec 80 millions d'euros de remboursements en 2008, année au cours de laquelle l'entreprise a vendu près de 110 000 boîtes d'Avonex dans les officines de l'Hexagone et a réalisé 92,5 millions d'euros de chiffre d'affaires. Arrivé sur le marché en 2007, l'anticorps monoclonal Tysabri, son autre traitement de la SEP, n'a jamais obtenu d'ASMR de niveau I, se contentant, en 2007, d'un niveau III.
De son côté, Sanofi-Aventis se veut serein. "Cette réévaluation était attendue de longue date, et la nouvelle ASMR reste de très bon niveau. Il existe effectivement un risque, mais pas de certitude, de voir les prix revus à la baisse. Tout dépendra des priorités du CEPS" juge le laboratoire tricolore. En 2008, le champion français de la pharmacie a réalisé 52 millions d'euros de ventes dans les pharmacies de ville avec la Copaxone. "Nous sommes dans une ambiance générale de baisse des prix, mais nous n'avons reçu pour l'instant aucune notification. Dans cette pathologie, le vrai changement arrivera avec les formes orales de traitement, où le comprimé remplacera l'injection", anticipe Olivier Ertzbischoff, direction des affaires publiques de Bayer, qui commercialise le Betaferon, premier interféron arrivé sur le marché.
Ces comprimés constituent-ils un nouvel eldorado pour les laboratoires ? Rien n'est moins sûr. De première importance pour les patients, cette innovation n'obtiendra pas pour autant d'ASMR I car elle ne sera pas plus efficace. Avis à Novartis et à Merck Serono (fabricant du Rebif), qui développent de tels produits. Et à tous les industriels en général, car la HAS ne compte pas s'en tenir là. L'organisme passe actuellement au crible les disphosphonates contre les métastases osseuses et les hormones de croissance, avant de s'attaquer à l'automne aux traitements de l'hypertension artérielle pulmonaire. En attendant d'analyser en 2011 la quarantaine de neuroleptiques.
(Laurence Bollack - Les Echos)